Cette question, je la pose régulièrement dans mes accompagnements, et lorsque je me la suis posée à mon tour la semaine dernière, j’ai eu envie d’en parler ici à l’occasion de la Semaine du cerveau.
Aujourd’hui, nous sommes nombreux.ses à partager notre “temps de cerveau disponible” et notre énergie entre différents objectifs (et injonctions) : épanouissement professionnel, bonheur personnel, harmonie familiale, confort matériel…
La poursuite de ces objectifs, qu’elle soit séquencée (l’un après l’autre) ou concomitante, peut nous donner l’impression d’une course sans fin : une fois un objectif atteint, il se trouve toujours un autre problème à résoudre, un autre champ de notre vie à améliorer, un autre but à atteindre. Ce n’est jamais fini !
Rappelez vous, quel est le dernier objectif “de vie” que vous avez atteint ?
Vous aviez ce but en tête depuis des mois, parfois des années, et ça y est, vous y êtes parvenu.e. Ce peut être un objectif ou un accomplissement pro ou perso, par exemple :
- réussir à avoir l’augmentation désirée,
- acheter la maison/l’appartement tant convoité,
- vivre le mariage de vos rêves,
- avoir un enfant,
- intégrer telle entreprise que vous vouliez,
- obtenir le chiffre d’affaires X que vous visiez, etc.
Combien de temps avez vous pris pour savourer l’accomplissement ? pour vous réjouir de ce que vous aviez ? pour célébrer ce que vous avez réussi ?
Je vais reformuler ma question 🙂
En combien de temps votre cerveau a-t-il trouvé un nouvel objectif, un nouveau projet, un nouveau problème à résoudre, une nouvelle amélioration possible d’un de vos domaines de vie?
Un ami qui vous veut du bien
Notre cerveau est une machine à nous faire gagner du temps. Il est là pour nous protéger du danger, et lorsqu’il a été développé il y a 30000 ans, le temps était réellement contre nous : en tant que chasseurs-cueilleurs nous étions la proie d’animaux beaucoup plus rapides que nous et devions miser sur notre réactivité, notre raisonnement et notre ingéniosité pour survivre.
Ainsi se sont développés dans notre cerveau ce qu’on appelle aujourd’hui des biais : ce sont des “raccourcis” qu’il utilise pour se simplifier la vie et aller droit au but. Or, ce qui était utile voire vital dans le quotidien de notre ancêtre préhistorique n’est pas forcément ce qui nous aide en 2022.
Le biais de négativité : le côté sombre de la force
Un de ces biais très puissant est le biais de négativité : celui-ci fait que nous donnons plus d’importance aux informations négatives qu’aux informations positives (5 à 10 fois plus selon les études). C’est très utile pour le chasseur cueilleur pour prendre rapidement en considération un potentiel danger, un son anormal, un aliment qui semble pourri, un ciel menaçant, une branche cassée etc.
Aujourd’hui :
- c’est ce qui nous fait voir en tout premier LA mauvaise note en chimie sur le bulletin que nous ramène notre enfant, qui n’a autrement que des 18/20.
- ce qui nous fait focaliser sur LA faute de frappe dans une présentation de 50 slides qu’on a envoyée à notre boss/client.
- c’est ce qui concentre notre attention sur LA petite ride ou partie de notre corps qui ne “va pas” selon nous à un temps T.
- etc.
Se satisfaire de ce qu’on a : pas si facile
Et sur une vision plus “macro” des différents aspects de notre vie, c’est ce qui nous pousse à nous concentrer sur les informations négatives (et leurs conséquences néfastes possibles) et nous empêche donc de nous réjouir dans de même proportions (intensité, durée) à propos des informations et évènements positifs de notre vie. Naturellement, notre cerveau ne s’arrêtera pas sur ce que nous avons fait bien, accompli, réussi, obtenu : pas étonnant que nous ne prenions pas le temps de savourer ce que nous avons.
Et si on ajoute à cela le réflexe social de comparaison (l’Homme est un animal social qui a un fort besoin d’appartenance pour survivre), c’est la recette parfaite de l’épuisement psychique : cela nous fait toujours voir l’herbe beaucoup moins verte chez nous, le défaut à corriger, la possibilité d’amélioration, l’imperfection à arranger, le nouveau projet à mener, le nouveau chantier à lancer !
La nécessité de le v(oul)oir pour le croire
La bonne nouvelle, c’est qu’avoir conscience de ces biais c’est avoir fait une bonne partie du chemin. Le reste du chemin se travaille par des réajustements, des recadrages… comme en photo ! Pour cela il faut décider de voir les choses autrement. Et cela passe par une volonté personnelle de lutter, à sa mesure, contre ces biais, et focaliser volontairement notre regard sur ce qu’il y a de positif dans notre vie (pro, perso, familiale etc.).
NB : Il existe de nombreux exercices issus de la psychologie positive pour vous aider à équilibrer le poids des affects positifs et négatifs dans notre quotidien, le plus connu étant le fameux « 3 good things » très bien expliqué dans cet article de L’optimisme Pro.
Ce travail de “changement” de regard, de focale ou de filtre, peut-être facilité par un questionnement bienveillant dédié, comme dans le cadre d’un coaching. Le premier objectif que l’on se fixe alors est de trouver une mesure, un jalon, qui nous permette de ressentir, de “prendre en compte”, d’intégrer l’accomplissement, la réussite ou l’atteinte du but.
Et vous?
Alors, je vous demande, si vous vous sentez concerné.e :
à quoi est-ce que vous saurez que c’est assez ?
Que votre job est suffisamment bien, que votre famille est assez unie, que votre maison est suffisamment grande/belle, que votre vie vous plait, que vous avez assez, que vous avez fait / accompli / réussi assez ?
Cette question vous invite à prendre de la hauteur par rapport aux objectifs que vous vous fixez & aux exigences que vous vous imposez au quotidien, afin de tracer la frontière entre :
- celles qui vous appartiennent, que vous embrassez et qui vous font avancer,
vs.
- celles que vous ne contrôlez pas, qui vous prennent trop d’énergie et qui vous ralentissent
Spoiler alert : La réponse ne va pas forcément venir tout de suite, et elle ne sera sûrement pas simple !
N’hésitez pas à partager vos retours dans les commentaires !